Certaines familles se vanteraient aujourd’hui de mener trois, quatre, cinq ou six vies de front, avec un résultat prévisible : le « manque » de temps. La réunionite maintient parents et enfants en constant état de pied levé : pour le travail, le syndicat, l’association, la copropriété ou la coopérative d’habitation, le club social, les conférences culturelles, l’école, la garderie, la banque, l’hôpital, les médecins. Et, s’il reste du temps, pour l’église et le bénévolat !
Phrase magique, que nous entendons ou répétons nous-mêmes aujourd’hui : tout le monde – peu importe l’âge – se targue d’être super occupé. Sinon, s’organise-t-il pour l’être ? Même les enfants opposent spontanément cette réponse des adultes si on leur demande un service.
Toutefois une psychologue professionnelle québécoise, que j’ai connue en Outaouais puis à Montréal, soutient que nous nous berçons d’illusions en nous imaginant que, jeunes, nous étions plus polis, plus sages et plus obéissants que nos successeurs. « De tout temps, les jeunes ont été très occupés (ital: ce mot). Nous l’avons juste oublié », m’a-t-elle déjà affirmé. Est-ce possible ? Peut-être que rien ne doit nous surprendre ! Notre défaillante mémoire nous joue-t-elle de si vilains tours ? La télévision, Internet, les jeux électroniques et le téléphone intelligent mettent par ailleurs une manne inconcevable de renseignements à la portée des tout petits. Ils se disent mystifiés que leurs grands-parents – ces aimables produits d’une autre époque – perdent si souvent le combat contre tous ces boutons et manettes qui s’illuminent.
Pour sa part, Yvette Granier-Barkun, écrivaine d’Ottawa, craint que les jeunes ne confondent le virtuel avec la réalité, si leurs parents ne les mettent tôt en garde contre ce danger. (Lettres urgentes au vingt et unième siècle, Ottawa, Éditions du Vermillon, 2003, p. 27.)
Lettres Urgentes Au Vingt et Unieme Siecle
Parfois, on veut connaître toujours plus; pour classifier moins. Un résumé de Wikipédia donne, pour plusieurs, un maximum indépassable de connaissances. Je reconnais que, dans notre temps, tout n’était pas parfait non plus.