Nos ancêtres ont dérivé vers l’Amérique… en cherchant la voie maritime vers la Chine. Il n’y a rien d’étonnant à ce que celle-ci aspire aujourd’hui à exercer une puissance proportionnelle à son poids démographique de 1,350 milliard d’habitants et à son récent succès économique. Elle abrite 19,2 % de la population terrestre. Le désir d’hégémonie brûle dans d’autres pays.

 

Le sphinx chinois

D’Asie, la Chine rêve de remplacer les États-Unis comme premier leader mondial. Le pays du thé garde le modèle soviétique pour l’exercice du pouvoir et copie l’Occident pour l’économie, rappelle le président Jiang Zemin1. La Chine inonde nos magasins de ses produits vendus à des prix dérisoires, par rapport aux nôtres. Miracle économique d’une rare intensité depuis trente ans, grâce à la mondialisation, elle a récupéré plusieurs de ses zones de commerce que la colonisation occidentale lui avait fait perdre au  XVe siècle.

La gloire russe

La Russie, située à la jonction des deux hémisphères, reste fidèle à l’héritage tsariste du pays qui a toujours joué un rôle majeur sur l’échiquier international. Les récentes ambitions hégémoniques du président Vladimir Poutine face à l’Ukraine peuvent nous être ou non une révélation. La Russie appuie la Syrie et l’Iran contre les revendications jugées excessives des États-Unis et de l’Occident. Elle semble se rapprocher de la Chine.

Scientifiquement, L’URSS (dont la Russie était le fer de lance) a envoyé, en 1957, le premier satellite dans l’espace, et peu après le premier satellite habité. Aujourd’hui, la fusée Soyouz, lancée depuis la base russe de Baïkonour, au Kazakhstan, reste la seule capable de placer des vols spatiaux habités en orbite. Il en est ainsi depuis l’abandon du coûteux programme américain des navettes par la NASA.

Par rapport à l’Amérique, les Russes gardent l’amertume du pays ravagé pendant la Deuxième Guerre mondiale. Dans Perestroika , Mikhaïl Gorbachev se rappelle avoir vu étudiant, après 1945, les ruines de la guerre, de ville en ville, alors qu’il prenant le train du sud pour se rendre à ses cours à l’Université de Moscou. Il écrit : « Mais, alors que le sol continental des États-Unis n’a reçu aucune bombe et qu’on n’y a pas entendu un seul coup de feu ennemi, une grande partie de notre territoire a servi de théâtre aux plus féroces batailles2. » Nullement une vedette dans son pays, Gorbachev fut le dernier président et le fossoyeur de l’Union soviétique. Il mena au tombeau un État réduit à l’asphyxie économique par sa course aux armements avec les États-Unis.

L’Union européenne ?

L’Europe – pour une majorité d’entre nous, le berceau de notre histoire – se fédéralise à coups de référendums défaits et de renégociations difficiles de sa constitution. Elle démontre un talent certain pour « remonter les balles des trappes de sable », lorsqu’elles y tombent, comme diraient les golfeurs. Il faut le reconnaitre. L’Europe devra se réaliser plus vite que maintenant, si elle veut réaliser sa prétention d’« égaler » à court terme les États-Unis d’Amérique.

Les États-Unis

Même humiliés par le 11 septembre 2001 et la crise financière de 2008, les Américains et leur pays restent très puissants. Ils comptent sur une abondance de ressources et sur un arsenal d’une envergure indiscutable. En technique et en kilotonnes d’explosifs, il surpasse celui de tous les autres pays.

À son premier mandat, on a loué Barack Obama pour avoir manifesté une plus grande tolérance que George W. Bush envers le monde musulman. Il a mérité le Prix Nobel de la Paix. À son deuxième mandat, depuis 2012, on l’a critiqué pour son refus de sévir contre Bachar el-Assad une fois que la communauté internationale eût acquis la conviction que le président syrien avait utilisé des armes chimiques contre sa population. Les médias ont taxé ensuite Obama de faiblesse pour ne pas s’être opposé à l’annexion d’une partie de l’Ukraine par la Russie. En dernier lieu, Barack Obama a mis sur pied une coalition, dont le Canada, qui procède à des frappes stratégiques aériennes pour empêcher les djihadistes de l’État islamique de l’Irak et du Levant3 de progresser dans leur avance en Syrie. L’Histoire ne nous offre pas son premier retournement curieux. Barak Obama était un adversaire résolu de la guerre en Irak en 2003. Aujourd’hui, on lui fait grief d’avoir retiré neuf ans plus tard toutes les troupes américaines de l’Irak, sans en laisser une portion sur les lieux. Les talibans en ont profité pour se rétablir en force et pour reconquérir plusieurs des positions perdues.

 

Autres États à surveiller

Les aspirants au leadership mondial ne manquent pas. Le Japon, comme premier succès économique de l’Asie, en est un; l’Inde, presque aussi populeuse que la Chine, aussi; le Pakistan, avec ses 182 millions d’habitants, est le seul État musulman à posséder la bombe nucléaire. L’Iran conserve le souvenir de sa gloire antique alors qu’il s’appelait l’empire perse. En Amérique du Sud, le Brésil et l’Argentine ont tous deux les proportions et la population voulues pour espérer accéder un jour au club des Grands.

La carte de la puissance mondiale pourrait toujours changer. Et on assiste à une nouvelle contestation religieuse – de moins en moins possible à nier – des musulmans contre les chrétiens. Tristement… elle s’exerce dans la violence.

 

L’appel à l’archange Michel…?

En 2005, Patrick Sbalchiero publie un livre sur l’histoire du Mont Saint-Michel. Il y explique pourquoi ce pèlerinage en France connaît soudain un sursaut de popularité en France au milieu du dernier millénaire. Les fidèles s’y rendent « pour prier Dieu et demander à l’archange de défendre la chrétienté contre l’ennemi ottoman. Constantinople était tombée aux mains des musulmans en 1453. Un vent de panique, entretenu par les discours millénaristes, jeta sur les « chemins du paradis » des croyants de tous âges. »4. Selon l’auteur, environ 4000 enfants suisses prennent leur besace et le chemin de la France en 1458.

La situation actuelle fait penser que bon nombre de chrétiens pourraient vouloir aujourd’hui retourner prier l’archange Michel afin d’implorer à nouveau sa protection. La situation est très trouble. Rien n’indique que c’est demain qu’on rétablira la paix…!

 

 


 References

[1] Alain Peyrefitte, Quand la chine s’éveillera… le monde tremblera, Paris, Fayard, 1996, 342.

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[2] Mikhail Gorbachev, New Thinking for Our Country and the World, New York, Harper & Row, 1987, p. 219. Traduction personnelle.

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[3] Luiza Ch. Savage, « America surrenders », Maclean’s, 14 juillet 2014, p. 26, à la p. 27.

[4] Patrick Sbalchiero, Histoire du Mont Saint-Michel, Paris, Perrin, 2005, 96.

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