De quelque façon, le livre se fait le miroir d’une culture. C’est vrai jusque dans le roman policier. Je relis d’anciennes notes d’un livre de 1980. Michel Crozier, sociologue français, écrit : « On peut songer ici à la différence entre le personnage du policier à la française, ce vieux routier qui a tout vu et qui comprend les hommes, et du policier à l’américaine, avant tout acharné à traquer le coupable et à le confondre par un raisonnement impitoyable. » Michel Crozier ajoute : « Nos criminels sont des êtres délicieusement complexes, personnages dignes d’un Mauriac ou à tout le moins d’un Simenon. En Amérique, en revanche, on ne sait pas tenir de subtils discours sur le mal, seul est compréhensible la réflexion sur les fondements du bien. De quoi s’agit-il toujours, par exemple, dans les westerns ? De refaire le monde, ni plus ni moins, de fonder une nouvelle fois la communauté en la rassemblant autour du bien [1]. »
Quand même, que les auteurs américains de thrillers américains Mary Higgins Clark, Michael Connelly. Harlan Coben, Joan Grisham, Stephen King ne s’en plaignent pas. Ils réalisent des profits faramineux avec les ventes de leurs œuvres en traduction française et captivent des lecteurs dans des dizaines de pays. Que j’aimerais avoir le millième… oui, je dis bien, le millième, de leurs gains !
[1]. Michel Crozier, Le mal américain, Paris, Fayard, 1980, p. 252 et p. 282
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