Entre la croix et le croissant, la rivalité s’envenime sans cesse.

Comme l’Église chrétienne recule et que l’islam avance, qu’est-ce qui va arriver à long terme ?

*

Résultat de l’immigration occasionnée soit par les guerres ou les désastres naturels, soit par le chômage et les besoins de l’industrie : la population d’islam en Occident augmente. Les femmes musulmanes ont un taux de fertilité bien supérieur aux nôtres en Occident : donc, leur pourcentage démographique leur permet d’espérer qu’un jour ils nous dépasseront dans nos pays.

Au Canada, la charia, loi canonique musulmane, est venue à un cheveu de s’im­planter devant les tribunaux d’arbitrage en Ontario [1]. L’opposition populaire n’a réagi qu’à la dernière minute. En France, les immigrants sont si nombreux dans certaines villes, quartiers de ville ou de banlieue que la police n’ose plus y aller.

Les radicaux musulmans ne représentent peut-être que le 1 % des fidèles, et ceux qui posent des bombes un nombre encore plus minime d’entre eux. Mais, comme l’islam est une religion universelle de 1 milliard de fidèles, plus le nombre de ces croyants augmente, plus il est facile pour les radicaux de trouver des bénévoles pour leurs actions terroristes. L’islam, en outre, fait des convertis parmi nous. Le 1 % de plus haut fait quand même 10 millions de personnes.

Les chrétiens, en difficulté…

En contrepartie, en Occident, parler de Dieu ou avouer qu’on le prie est devenu extrêmement impopulaire en Europe et en Amérique du Nord : jadis, les bastions forts du christianisme. Le nombre limité de pratiquants n’arrive plus à faire vivre leur église. Le clergé a atteint l’âge de la retraite ou le dépasse. En 2005, l’archevêque de Montréal, le cardinal Jean-Claude Turcotte, rappelait qu’il avait recommandé à quatre gouvernements québécois successifs (MM. Bourassa, Lévesque, Bouchard, Charest) de surseoir à la construction de nouveaux centres sociaux ou culturels. Il conseillait plutôt « d’étudier la possibilité d’utiliser des biens patrimoniaux (églises ou couvents) pour faire par exemple des bibliothèques ou un édifice pour le Cirque du Soleil » [2]. Il est sûr que, pour l’archevêque, c’était un aveu de second choix. L’Église s’étouffe et ne se renouvelle pas.

Un synode de huit cardinaux doit avoir lieu à Rome sur la famille en octobre 2015. Plusieurs des idées exprimées sont nouvelles. Elles suscitent, on le devine, des réactions hostiles de la part des tenants les plus traditionalistes de la théologie.

Diminuée et rétrécie, L’Église essaye de subsister, de « se redéfinir », en Église d’amour. Le pape François, premier Souverain Pontife non européen puisque d’Argentine, a refusé de condamner les homosexuels. « Qui suis-je pour juger ? « est sa célèbre phrase [3]. Il vient de permettre au prêtre d’accorder le pardon pour l’avortement [4] (ce qui, dans son cas, ne signifie pas une légalisation cependant). Plus tôt, il avait encouragé le clergé récalcitrant à cesser de refuser la communion aux divorcés remerciés [5]. Toutes ces ouvertures suscitent des réactions. Dans cette Église, où les condamnations et excommunications se font rares, à la différence d’autrefois, des chrétiens affirment que l’avenir résidera peut-être dans la constitution de petits groupes de réflexion, qui se réuniront à l’occasion. L’ombre de l’église paroissiale avec son clocher dominant ne se projette pas toujours avec clarté dans ce contexte. Le pape François a consacré sa première encyclique à l’environnement, au respect dû à « sœur terre [6] », à l’équilibre voulu par Dieu entre l’Homme, le prochain et la nature [7]. Nous pourrions ajouter beaucoup d’autres choses, comme parler de la lourdeur de la Curie romaine. Un prélat qui travaille à la secrétairie d’État confesse anonymement n’avoir jamais assisté à une réunion de service de son groupe en dix ans [8].

L’assaut de l’islam…

Au contraire, autant l’Église catholique recule, autant les musulmans défendent les atteintes à leur foi avec une énergie de tous les instants. Le pire incident, limité à cette seule considération, fut en janvier 2015 l’attentat terrorisme contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris.

Les musulmans ont avoué au moins une fois par écrit leur intention de vouloir conquérir et dominer Rome. Après qu’on se fut entendu pour limiter à trente-neuf mètres, la même que pour Saint-Pierre-de-Rome, la hauteur du minaret au-dessus de la mosquée Académie de la défense du roi Fahd à Rome (les musulmans auraient voulu la porter à 80 mètres), l’imam Mohammed Ben Abd Le-Rahman Al-Arifi déclarait sur le site Kalemat.org :

Nous contrôlerons la terre du Vatican, nous contrôlerons Rome et y intro­duirons l’islam. Si bien que les chrétiens, qui ont gravé des croix sur les torses des musulmans au Kosovo, en Bosnie et dans divers endroits du monde arabe avant cela – devront nous payer la jiziya [impôt payé par les non-musulmans sous domination musulmane] dans l’humiliation, ou se convertiront à l’islam [9].

Les musulmans affirment qu’ils vont se servir de nos libertés fondamentales pour s’établir parmi nous; et ensuite nous dominer, pour soumettre nos enfants à leurs lois.

Le Mont Saint-Michel

En 2005, Patrick Sbalchiero publie un livre consacré au Mont Saint-Michel. Il souligne que ce pèlerinage en France connut un soudain sursaut de popularité après la prise de Constantinople par les musulmans en 1453. Les fidèles, écrit-il s’y rendaient « pour prier Dieu et demander à l’archange de les défendre contre l’ennemi ottoman »[10]. Ainsi, en 1458, quatre mille de ces pieux enfants suisses prennent les routes de France.

Aujourd’hui, bien des chrétiens de par le monde pourraient être tentés de retourner prier l’archange pour réclamer à nouveau sa protection !!!

Si l’avenir s’annonce sombre, c’est parce que s’additionnent plusieurs lueurs d’inquiétude.

Une catholique survivante à l’attentat du 31 octobre 2010 à la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel Secours, de Bagdad, étant retournée un mois plus tard y prier pour les 46 victimes, souhaite que le Seigneur ramène « tous les égarés dans le droit chemin ». Elle n’en ajoute pas moins : « Le Très-Haut a du pain sur la planche[11]. »

Nous avons cru par erreur que le problème musulman était réglé après la défaite de la Turquie (l’Empire ottoman) à la fin de la Première Guerre mondiale parce qu’on a omis d’en parler pendant soixante ans. Il ne l’était pas. Les possibilités de dialogue semblent très limitées entre l’Église catholique et l’islam, deux religions à vocation universelle, la troisième étant le judaïsme.

Les États occidentaux, déchirés de leur intérieur, ont un difficile problème à trancher face à l’État islamiste de Syrie et d’Irak, qui a ressuscité le califat. Et ce sont des attentats meurtriers qui se poursuivent. Quelques-uns affectent les musulmans entre eux.

*

Agir ou ne pas agir ? Voilà le dilemme. L’un peut être aussi néfaste que l’autre, dans les circonstances…

 

_____________________________________

[1] Presse Canadienne, « L’Ontario rejette la charia », Le Devoir, 12 septembre 2005.

[2] Jean Christophe Laurence, « Nos églises en fiducie ? », La Presse, 22 septembre 2005, p. 4.

[3] Marie-Claude Lortie, « OMG, le pape », chronique, La Presse, mardi 20 juillet 2013, p. A 4. (OMG : sens de * Oh ! my God ! », dans ce titre.)

[4] « Le pape François demande aux prêtres de pardonner l’avortement », Le Monde, 1er septembre 2015.

[5] « Selon le pape François. Les divorcés remariés ne sont pas excommuniés », TVA Nouvelles, d’après l’AFP, 5 août 2015.

[6] Lettre encyclique Laudato Si’ du Saint-Père François sur la sauvegarde de la maison commune, Édition du Vatican en format PDF, 2015, p. 40, paragraphe 53.

[7] Ibidem, p. 52 et 93.

[8] Isabelle de Gaulmyn, François, un pape pour tous, Paris, Seuil, 2014, p. 73-74. Isabelle de Gaulmyn est journaliste au quotidien catholique français Le Croix.

[9] Cité par Landau, Le Sabre et le Coran, Paris, Éditions Rocher, 2005, p. 210.

[10] Patrick Sbalchiero, Histoire du Mont Saint-Michel, Paris, Perrin, 2005, p. 96.

[11] Vincent Hugeux, « Le requiem sans fin des chrétiens d’Irak », L’Express, 29 novembre 2010.