Les secouristes français, à Paris, ce vendredi soir 13 novembre. (Photo Le Figaro,fr)

 

Le premier ministre Justin Trudeau n’a pas eu une lune de miel de dix jours avant son entrée en scène sur le plateau international en crise.

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Il a été forcé à 43 ans de se débrouiller comme un nageur qu’on lance tout coup au milieu d’une compétition olympique. Le fait que son père eût été premier ministre avant lui n’a guère pu lui aider.

Il venait d’être assermenté le 4 novembre 2015. Les attentats de Paris, le soir du vendredi 13, ont ébranlé le monde qui peine à trouver une unité pour répondre à cette provocation de l’État islamique de Syrie et du Levant.Justin Trudeau

L’échelle de désaccord oppose les grandes puissances. La France et les États-Unis veulent le départ de Bachar el-Assad comme président syrien. La Russie veut qu’il reste en poste, et l’Iran le soutient aussi. Revoyons l’entretien semi-privé du président américain Barack Obama avec son homologue russe Vladimir Poutine dans un coin de la réunion du G20 en Turquie. Obama semble dire à Poutine : « Pourquoi soutiens- autant Bachar ? » Et Poutine de lui répondre : « Pourquoi est-ce que toi et la France vous vous opposez autant à lui ? Si nous devons combattre le groupe État islamique, ne serait-il pas mieux que nous mettions tous nos œufs dans le même panier. » «Nous ne le pouvons pas, de répliquer Barack Obama. Bachar est un monstre qui a trop fait souffrir sa population. »

Avant même ses dix premiers  jours en fonction, Justin Trudeau a dû en néophyte se mesurer avec les plus grands de la planète. Pour comble de malheur, deux de ses promesses électorales causaient conflit. L’une d’elles était de retirer les CF-18, qui avaient commencé à participer aux raids aux côtés des États-Unis contre l’EI, pour de les ramener au pays. Le premier ministre canadien a eu l’air d’un élève dissipé qui voulait sur un coup de tête quitter son groupe.

L’autre promesse créant conflit était celle d’accueillir 25 000 réfugiés syriens au Canada avant la fin de 2015. Elle suscitait déjà un remous avant les élections. Elle en soulève autant et encore plus après les attentats de Paris, revendiqués par l’EI et auxquels des Syriens ont participé, c’est prouvé. Le premier ministre maintient toujours sa promesse quant au nombre et à la date, en insistant qu’il redoublera les mesures de sécurité.

Pour remplacer les CF-18, le jeune premier ministre propose d’envoyer à leur place des soldats canadiens qui enseigneront aux combattants syriens et irakiens leurs tactiques de lutte contre le terrorisme acquises en Afghanistan. Il est connu que les frappes aériennes ne recueillent qu’une utilité limitée sauf, peut-être, les deux bombes atomiques larguées sur le Japon en 1945.

Aucune guerre dans l’histoire, ni la Deuxième Guerre mondiale ni celle du Vietnam, ne s’est gagnée sans envoyer ensuite des soldats au sol. Et celle engagée contre l’EI risque très peu de faire exception.

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La situation est confuse, nébuleuse, inquiétante, entrelacée de trente façons, parce que personne ne semble avoir déterminé jusqu’à quelle limite il est prêt à porter l’affrontement !