Yvon Pomerleau, ex-Provincial de l’Ordre des dominicains au Québec, salue le père BENOÎT LACROIX récemment décédé comme son confrère, son « grand frère » et ami. Le décès de ce dernier lui cause une grande tristesse personnelle. Yvon a fini en même temps que nous au Collège de Lévis en 1960.

par Yvon POMERLEAU, o.p.
ex-prieur provincial des dominicains du Canada

Tel que notre confrère, Germain, me le demande, je suis fier d’écrire quelques mots à propos du Père Benoit Lacroix, décédé le 2 mars dernier âgé de 100 ans. Après tous les témoignages livrés dans les divers media, que puis-je ajouter à ces éloges unanimes ?

Le seul défaut que je connaisse au Père Lacroix – je lui ai dit mais il ne pouvait rien corriger sur ce point – c’est qu’il a fait son collège classique à Sainte-Anne-de-la-Pocatière et non pas au Collège de Lévis.  Lui venait de Saint-Michel-de-Bellechasse, et moi de Thetford Mines.

Alors que j’étais jeune étudiant dominicain en philosophie, de 1961 à 1964, dans le nouveau couvent Saint-Albert de Montréal, j’ai vécu une période difficile où je m’interrogeais sur ma Yvon Pomerleau, o.p., 2015.JPG Laïcvocation religieuse.  J’ai pu alors rencontrer le Père Lacroix et je crois que déjà j’avais retrouvé une certaine sérénité après une première rencontre.  Sa sagesse empreinte d’amitié a eu raison de mes hésitations et de mes scrupules.

Après plus de trente ans d’errance à travers la planète comme missionnaire au Rwanda et comme assistant du Maître de l’Ordre (supérieur général) à Rome, j’ai été élu prieur provincial des dominicains du Canada et j’ai regagné le couvent Saint-Albert en 2002. Depuis lors, j’ai fréquenté notre frère Benoit au quotidien.  Je ne sais combien de centaines de repas j’ai partagé avec lui avec des échanges, mi sérieux mi taquins.  Quels beaux moments de fraternité !

Il y a quelques jours avant de nous quitter, il m’écrivait en dédicace de son dernier livre Rumeurs à l’aube ces mots d’une gentillesse toute empreinte d’un humour discret et de poésie : Au « grand frère » et ami Yvon, au nom de tant de souvenirs partagés et « charitables propos » à tout venant, allant selon les humeurs des moments et les intuitions de l’instant.

Quel cadeau merveilleux que d’avoir pu croiser et connaître un tel « grand frère », un être aussi exceptionnel !