Texte et photos de
JEAN-LUC LEMIEUX
lemi@videotron.ca

Lévis n’est plus la ville-dortoir en face de Québec alors que tous les emplois se trouvaient de l’autre côté du fleuve, sauf les chantiers maritimes Davie à Lauzon.

Dans un renversement complet, ce sont maintenant les gens de la Vieille Capitale qui se déplacent et viennent tous les jours travailler à Lévis. Le Mouvement Desjardins offre 8 000 emplois. Ses six édifices ultramodernes sont très visibles à partir d’une ancienne route principale. Le brise-glaces Louis St-Laurent vient d’entrer à Lauzon pour une cure de rénovations majeures; cela y garantit momentanément, à la Davie, un total de 1 000 emplois. Ajoutons-en 100 autres à la raffinerie Valero, avec sa gestion unique de sept femmes dirigeantes, notait Le Soleil de Québec du 8 mars 2017. Et Lévis s’est doté d’un important pôle industriel, à l’ouest, à Saint-Romuald. Et on ne compte non plus tous les commerces, magasins et centres commerciaux qui se sont établis dans la ville depuis cinquante ans !

La population s’est accrue de près de 300 % depuis son total de 57 600 habitants de 1961. Si les fusions de 1990 et de 2001 ont constitué des dates-phares, en revanche la population avait augmenté de 17 000, soit 69 982 à 86 994 entre 1976 à 1981, selon Recensement Canada, et cela par son seul essor de ville distincte en progrès.

Lévis a inauguré, l’été dernier, des jeux d’eau illuminés sur sa rive pour tenter d’attirer les touristes et spécialement les clients des croisières du port de Québec.

Le Louis S. St-Laurent entre en cale sèche, chez Davie, le 16 février 2017. (Photo ici de Jacques Frederick)

Un essor vers le sud

Incapable de s’étendre vers le nord, en raison du fleuve, la ville de Lévis progresse toujours plus vers le sud. 

Dans les années soixante, le centre-ville se déplace dans le secteur du Rond-Point. Les concessionnaires de voitures rivalisent d’imagination pour vous attirer comme clients tout en garantissant aux jeunes de l’époque des moments de bonheur. S’ajoutent des commerces de meubles et le mouvement Desjardins y construit ses premiers établissements qualifiés de modernes.

C’est alors qu’apparaît dans le décor le centre commercial « Les Galeries Chagnon ». toujours présent.

Dans les décennies qui suivent, au plan administratif et territorial, la Ville de Lévis s’agrandit en avalant ses voisines : Saint-David-de-L’Auberivière et Lauzon. Elle fournit certains services de premier ordre à Pintendre et à Saint-Joseph-de-la-Pointe-de-Lévy. tout en concluant certaines ententes avec la capitale de l’industrie de la Rive-Sud que sont devenues Saint-Romuald et sa raffinerie Ultramar renommée de nos jours Valero.

Photos : en en-tête, l’ancien Rond-Point devenu l’achalandé carrefour Président Kennedy-Guillaume Couture. Ci-dessus, le développement commercial de Lévis qui pousse toujours plus au sud vers Pintendre. 

Le boom de la fusion de 2002

Mais un grand choc se produit en 2002 lorsque le Gouvernement provincial décide, par loi, de la création de nouvelles grandes villes au Québec en regroupant dix municipalités sur la rive-Sud dont l’ancien Lévis. Après mûres réflexions de la part du législateur, dont la sagesse est dite proverbiale, l’appellation de « Lévis » est retenue.

Aujourd’hui, Lévis est la huitième ville en importance au Québec avec une population approchant les 145 000 habitants. Le bilan migratoire est positif avec un ajout moyen de près de 3 200 personnes annuellement.

D’une  superficie de 444 km², à peine neuf de moins que Québec, elle détient les obligations légales d’une Municipalité régionale de comté et s’est dotée d’infrastructures administratives et de services aux citoyens dignes de son importance.

De l’ancien au nouveau Desjardins

Berceau des Caisses populaires, nées à Lévis en 1900, le Mouvement Desjardins n’a plus rien de sa modestie d’origine.

Avec sa devanture de marbre, le premier siège social de Desjardins subsiste avenue Bégin. Cependant il a été transformé en musée destiné au rappel des souvenirs du passé.  

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L’ancien siège sociale de Desjardins, devenu musée

Bâties avec tout le modernisme, six structures se voisinant, au sous-secteur du Centre des congrès, ont remplacé l’ancien siège social. Cette plaque administrative de Desjardins donne sa personnalité à la ville. 

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Un des six du nouveau Desjardins à Lévis

Dans l’ouest, à proximité des ponts et au carrefour de plusieurs autoroutes, s’est implanté un « Power Center » où l’on retrouve les grandes marques automobiles. S’ajoutent des résidences pour les personnes âgées, un CLSC, des bureaux administratifs, des épiceries, des quartiers résidentiels et maints autres commerces.

Quant aux activités industrielles, administratives et éducationnelles, on pourrait écrire des dizaines de lignes sur le sujet.

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Un Centre des congrès intégré avec la vie résidentielle

Le Centre des congrès de Lévis intègre du résidentiel, plusieurs édifices administratifs, dont les six de Desjardins, et également une constituante de l’Université du Québec à Rimouski.

Le Lévis ancien

La ville de Lévis n’est plus celle que nos amis collégiens ont connue dans leur tendre jeunesse alors qu’ils fréquentaient, par choix ou par obligation parentale, l’Institution qu’était le Collège de Lévis.

La Ville d’alors possédait deux pôles d’attraction : à la Haute-ville, le secteur des rues Bégin, Côte-du-Passage et Saint-Louis avec ses quelques restaurants, ses magasins et ses officines sans oublier le siège administratif du Mouvement Desjardins et celui de la coopérative Citadelle pour la mise en marché du sirop d’érable, déménagée depuis à Plessisville.

À la Basse-ville, s’étalait l’autre pôle de la rue Commerciale (aujourd’hui Saint-Laurent) avec sa gare ferroviaire, les traversiers Lévis-Québec, son petit Chantier maritime A.C. Davie, son Bureau de poste, ses nombreux hôtels et ses commerces de gros.  À l’époque, les autobus avaient remplacé les tramways.

Les festivités religieuses et patriotiques doublaient la clientèle de la majorité de ces établissements surtout à cause du magasin de la Commission des Liqueurs du Québec, où l’on pouvait se procurer du « gin De Kuyper ».Celle-ci vendait aussi le fameux vin « St-Georges » qui avait la réputation de tâcher la jolie nappe de maman.

De nos jours, on sait que les centres-villes perdurent dans l’espace ou le temps à certaines conditions mais que, le plus souvent, ils migrent dans des quartiers plus dynamiques.

En bref, Lévis connaît une évolution extraordinaire !

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La ville peut affronter l’avenir avec un espoir d’autonomie, qu’elle aurait cru impossible il y a quelques décennies.

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Ancien du Collège de Lévis, et matelot à ses heures, Jean-Luc Lemieux a étudié en géographie. De Lévis, il a enseigné au primaire, secondaire et universitaire. Il a travaillé ensuite à la Commission permanente de redistribution des districts électoraux. Il est marié à Lila Langelier-Lemieux, père de deux garçons, et grand-père de deux petits-enfants.