L’ex-premier ministre Cameron, son ministre des Finances, la Banque d’Angleterre, le parti travailliste, le FMI, l’OCDE, le président Barack Obama(1) et le premier ministre Justin Trudeau avaient recommandé de rester dans l’UE au référendum du 23 juin. Les petites entreprises ont penché en faveur de la sortie, mais les grandes auraient souhaité continuer à theresa-may-2016suivre la houlette de Bruxelles. L’ensemble du Royaume-Uni a voté par 52 contre 48 % en faveur de la désunion et Mme May avait fait compagne contre la désafilitation.

Le chômage national élevé, la crise financière, la grogne des emplois, l’ébranlement causé par la crise des migrants et le terrorisme expliquent la méfiance des Anglais à l’égard du continent. L’ex-maire de Londres, Boris Johnson,  militant du « non » à l’Europe, s’annonçait comme successeur de M. David Cameron. Mais il a préféré devenir ministre des Affaires étrangères dans le nouveau cabinet conservateur formé.

Mme  May, ex-ministre de l’Intérieur, a promis de négocier la désaffiliation du Brexit avec une extrême fermeté. Elle se donne un calendrier de deux ans, aidée, croit-elle, par la Constitution de l’Europe qui lui accorde ce délai.

L’OCDEDavid Cameron 3 a brandi que le PIB du Royaume-Uni reculerait de 3 % ou d’une perte annuelle de 2500 livres (4100 $CAN) par foyer, si le peuple appuyait  les sécessionnistes. L’organisme conservait dans sa manche un deuxième scénario encore pire. Mais M. Nikel Farage, leader du parti europhobe Ukip, qui a pris congé de la Nikel Faragepolitique après le vote, a répliqué en accusant ces porte-parole de faire partie de « toute une série d’organisations internationales remplies de gens surpayés qui pour la plupart ont échoué dans leur carrière politique ». (2)

L’Europe a changé

L,homme d’affaires John Mills, fondateur de JML, une entreprise de télémarketing, (mais cotisant au Parti travailliste), expliqué qu’il a voté pour  le « Leave » parce que l’Europe a changé.

« En 1975, affirme-t-il, j’étais pour la Communauté économique européenne, mais à l’époque, ce n’était pas la même Europe. Il n’était pas question d’accueillir 500 000 immigrants par année. Il n’était pas question de toutes ces réglementations. Il n’était pas de l’euro. (1)

La Grande-Bretagne a adhéré à l’UE par le traité de Maastricht en 1993. Mais elle gardait six ans plus tard sa livre sterling et a sans cesse boudé la zone euro avec la volonté de gérer sa propre monnaie.

Comme Londres, l’Écosse et l’Irlande du Nord ayant voté massivement pour garder les liens avec l’UE à la suite d’une division régionale inattendue, la première ministre l’Écosse Nicola Sturgeon annonce que sa province  tiendra d’elle qu’elle le pourra un deuxième référendum de sécession d’avec le Royaume-Uni. L’Écosse avait perdu le premier deux ans plus tôt.

Pour le bien de l’Europe ?

Du Canada, M. Martin Poëti, un citoyen d’Ottawa, titulaire d’un doctorat en théologie de l’Université de Montréal, écrivait dans une libre opinion au Devoir que ce départ anglais servirait l’Europe, car « la GrandJo Coxe-Bretagne ne sera toujours qu’un cheval de Troie américain en Europe ».(3) Cela voulait dire qu’elle a toujours été  la voix sourde des États-Unis.

Mme May s’est montrée ferme : « Que cela fasse plaisir ou non, le pays a voté pour quitter l’Union européenne. Et cela signifie que nous allons quitter l’UE. » (Sonia Delesalle-Stolfer, Le Devoir, 3 octobre 2016, p. B 1)

La mort de Jo Cox, députée travailliste ci-contre, assassinée le 16 juin une semaine avant le vote par un militant cinquantenaire du « Britain First », a moins influencé le résultat que  prévu, même si elle a fait grand bruit.

La patience de l’Europe

La question à se demander est combien de temps l’Europe fera preuve de patience envers la fière Albion. La France et d’autres pays ont protesté.

Cependant l’Angleterre reste une puissance économique majeure et il est peu probable que le Parlement et les députés européens veuillent l’humilier en lui imposant un ultimatum de rapidité à respecter.

 

Notes

(1) Lean McLaren, « A little help from a friend. How Obama’s anti-Brexit campaign brought out the worst in its opponents », Maclean’s, 9 mai 2016, p. 34.

(2) Christian Rioux, « Au royaume du Brexit (3 de 4). Choisir entre l’Europe et… le reste du monde !, Le Devoir, 31 mai 2016, A 1, cité à la p. A 10.

(3) « La Grande-Bretagne n’appartient pas à l’Europe », Le Devoir, 18 avril 2016, A 7.

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