Jamais un scrutin n’a semé autant la trouille que les inquiétantes élections américaines d’automne 2016, où les deux adversaires principaux, aux antipodes, ne disposent pas de l’entier aval de leur parti.

Le milliardaire Donald Trump s’est imposé aux républicains. Ce New-yorkais se vante de n’avoir jamais payé d’impôt. Il promet de redonner de l’emploi aux électeurs (blancs) américains de sexe masculin bafoués par la mondialisation; il rétablir, dit-il, le prestige des États-Unis à son stade d’avant le 11 septembre 2001 et d’avant la crise financière de 2008. Et il a pour lui une certaine presse, dont la télévision qui ne peut résister à la tentation de diffuser un scène grotesque du genre : « C’est-tu bon, as-tu vu ça par exemple ? », si elle va chercher une hausse de ses cotes d’écoute.

Hillary Clinton a occupé toute la bande passante des nouvelles. Elle ne semble pas avoir eu d’adversaire sérieux, et c’est peut-être ça le drame de la démocratie aux États-Unis: ne plus se renouveler. Elle a un parcours impressionnant, comme ex-First Lady et comme ex-secrétaire d’État. À 69 ans très bientôt, elle a tenu à se présenter pour se prouver à elle-même ainsi que pour les femmes et pour leur cheminement dans l’histoire qu’elle a autant de compétence que son mari Bill pour occuper le bureau Ovale à la Maison-Blanche. Elle deviendra la première commandante-en-chef des Forces armées aux États-Unis, si elle est élue ! La reine Elizabeth II et la chancelière allemande Angela Merkel auront alors une égale avec qui se comparer dans les cérémonies officielles.

 

L’Amérique démocrate aurait toutefois probablement préféré voter pour du sang neuf. Une figure plus jeune aurait injecté des idées nouvelles et coupé le lien avec la dynastie, camouflée, des Clinton, ce qui agace sourdement les Américains. Hillary Clinton domine dans les sondages par 11 % ou 4 %, selon les cas. Rien n’est encore assuré. Et si l’on songe à la très faible exactitude des sondeurs, lors du Brexit en Angleterre, on a encore plus de raisons de se méfier.

Nerveusement, nous allons assister au long dépouillement du scrutin le 8 novembre en espérant que le pire n’arrivera pas, c’est-à-dire l’élection « du monsieur qui injurie tout le monde ou veut les mettre en prison ».

Ensuite l’Amérique aura-t-elle le temps d’oublier le niveau extrêmement élevé d’injures de cette campagne, ou plongera-t-elle plus loin pour se rapprocher des républiques, style « pelure de banane »…?

Non, ce ne sont pas nos élections habituelles d’automne tous les quatre ans : associées aux couleurs, à la chute des feuilles, à l’Halloween, à un renouvellement et à Noël qui arrivera bientôt !