Texte et photos* de
JEAN-LUC LEMIEUX
J’ai pris la photographie du brise-glace Louis S. St-Laurent à partir de ma résidence avec un objectif de 400 mm de marque Novoflex. Pendant une journée, il a été accosté à l’Anse-au-Foulon.
Ce dernier attendait son entrée au Chantier Davie Canada, dans la cale sèche Champlain, pour des réparations qui se termineront en juin. En arrière des hangars qui longent les quais, on retrouve tout un quartier résidentiel incluant l’église Notre-Dame-de-la Garde, un bar et quelques autres petits commerces ayant front sur le boulevard Champlain.
La falaise est parsemée d’arbres et en haut de cette dernière s’étend le Parc des Plaines d’Abraham. Dans le même secteur, l’on retrouve la Quincaillerie Martin. Le propriétaire est un descendant en ligne directe d’Abraham Martin, cultivateur et, avant tout, pilote du Roi. Son ancêtre exploitait une ferme sur le site actuel et, naturellement, un troupeau de bêtes à cornes. Le tout lui permettait d’assurer la survivance de sa famille en hiver car son métier de pilote était saisonnier.
Quand j’étais étudiant à l’université pour l’obtention d’un premier baccalauréat en Pédagogie, j’ai fait quelques excursions hivernales sur le fleuve. Parfois on servait du café quand la traversée se prolongeait et parfois des sandwichs ou des petits gâteaux quand la croisière s’éternisait. J’ai loupé quelques cours mais nous nous sentions en sécurité sur lesdits traversiers.
Par la suite, j’ai utilisé la voiture familiale pour me rendre à l’Université en utilisant le pont de Québec. C’était plus long que le traversier.
Les brise-glace du passé à Québec
Les brise-glace ont toujours fait partie de la tradition hivernale de Québec-Lévis. C’étaient des sauveteurs en attente et au garde-à-vous pour dépanner les traversiers que les glaces entraînaient en direction de l’Île d’Orléans. Ces brise-glace ont eu leur histoire qui s’est tissée graduellement.
Pendant plusieurs années plus tard, au moins trois navires remplirent cette mission : soit le Lady-Grey, soit le Montcalm, soit le Ernest-Lapointe.
Le Ernest-Lapointe était surtout affecté au contrôle des glaces dans le secteur de Trois-Rivières mais, à l’occasion, il est venu en aide aux traversiers entre Lévis et Québec.
Lancé en 1942 au Chantier Davie, il fut été retiré du service en 1978 et se retrouve au Musée maritime du Québec.
Le Montcalm est un vieux brise-glace qui a longtemps navigué sur le Saint-Laurent. En 1910, on le retrouve aux Chantiers Davie pour des réparations mineures.
Le naufrage du Lady-Grey
Quant au Lady-Grey, voici ce que l’on en dit dans un texte émanant du Musée McCord:
« Ludger Blais commandait le brise-glaces Lady Grey lors du naufrage de ce navire à la hauteur de Beauport, en février 1955.
« Le brise-glace entra en collision avec le traversier Cité de Lévis lors d’une manœuvre de dégagement dans la glace.
« L’équipage du brise-glace, composé de plusieurs marins de Berthier, a été sauvé in extremis par le traversier Cité de Lévis.
« Le Lady Grey était un brise-glace à coque d’acier. Son moteur à vapeur produisait 353 chevaux nautiques qui actionnaient deux hélices.
« Ce bateau est sorti du chantier naval britannique Vickers, Sons and Maxim, à Barrow-in-Furness.
Ses successeurs, comme le Ernest-Lapointe ou le Saurel, seront tous construits au Canada. »
Il repose sous les eaux du fleuve dans le Secteur du Taureau. Je ne suis pas certain que le Saurel soit venu en aide aux traversiers mais on peut le présumer.
Actuellement, hiver 2017, c’est le Pierre-Radisson qui vient en aide aux traversiers et autres navires.
Équipement toujours fonctionnel…
En annexe, une photographie d’un objectif de marque Novoflex monté sur un appareil photo de marque Pentax. L’objectif date de 1963. Production à l’origine d’une compagnie autrichienne devenue allemande depuis lors. Soufflet permettant une double mise au point en photographie rapprochée. Quelques accessoires résultent d’un bricolage domestique. Très rare au Québec à ce que je sache. De nos jours, à cause de son apparence, pas recommandé en milieu urbain ou en zone de guerre. Les douaniers américains deviennent fous quand ils voient un tel appareil. Conseil: à garder dans sa cour. Aujourd’hui, on fait mieux avec une mise au point automatique mais les prix sont au rendez-vous!