Après une éclipse durant sa vie active, Roland Brochu, notre confrère du Collège de Lévis, explique pourquoi il a fait de la peinture son hobby à la retraite.

 

par ROLAND BROCHU

Dessiner a toujours été ma seconde nature. Personnages de BD, images saintes ou animaux de la ferme me fascinaient.

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Dès l’école primaire, ils me fournissaient des occasions de plaisir intense lorsqu’ils renaissaient au bout de mon crayon ! Lors de mes années d’études comme pensionnaire, la décoration du petit journal mensuel, l’élaboration d’esquisses au profit de mes camarades ou la réalisation de caricatures pour l’album des finissants du Collège de Lévis en 1960, notre année, devenaient des moments de pur délice. Si bien qu’au résultat du test d’orientation précédant la prise de ruban, j’apprends mes talents pour l’architecture ou le dessin industriel… Mes origines champêtres, ma timidité naturelle et mon esprit missionnaire ne s’y sont pas retrouvés… Mon esprit missionnaire l’a emporté !

Et voilà que, tout absorbé par le côté « sérieux » de la vie, j’ai vécu les quarante années suivantes « sans dessins » ! Tout au plus quelques schémas utiles à mon travail de missionnaire en Amérique Latine pour un temps et de consultant matrimonial par la suite ont vu le jour !  La tendance de fond était en latence… Jusqu’au jour où les péripéties d’un cœur malmené ont sonné le réveil! Infarctus… double pontage… convalescence… retraite devancée… y a-t-il meilleure occasion pour une écoute de soi-même ? Le temps (qui a failli m’emporter !) redevient petit à petit disponible tout en diminuant ses exigences… et le goût de peindre se permet désormais de resurgir…

Dès les premiers cours de peinture, la magie opère. Elles sont à la fois savoureuses et nourrissantes, ces heures passées à étudier les bases de la peinture à l’huile, à assembler du matériel de travail, à installer le petit studio où les heures ne comptent plus. Et que dire de ce premier professeur qui confirme mon talent pour le dessin et la composition des couleurs…! Désormais euphorique, j’ose ! Mon approche est concrète. Pendant un temps, je reproduis images et photos; les paysages me parlent particulièrement.

« Alors « La peinture comme hobby : pourquoi ? » – Pour laisser s’exercer un talent qui permet à mes émotions de s’exprimer… et de demeurer !  »

L’abstrait n’est pas mon fort. Et voilà que la création m’appelle… C’est alors que mon père reprend vie aux champs, à la cabane à sucre, dans les chantiers…

Outre la cabane à sucre paternelle, en en-tête, du milieu de mon enfance à Saint-Anselme-de-Bellechasse, ou de-Dorchester alors, j’ai reproduit aussi cette scène de la rivière Saint-Maurice dans mon milieu de vie actuel à Saint-Étienne-des-Grès. C’est à vingt kilomètres au sud de Shawinigan.

Rivière Saint-Maurice

La retraite marquant également pour moi l’ère des voyages, ceux-ci alimentent mon inspiration. Chaque périple a sa toile-souvenir !

Petite île Spirit, dans le lac Maligne, au parc Jasper, en Alberta

Quelques commandes…

Quelques toiles m’ont été commandées… le résultat final a été apprécié mais l’expérience vécue s’avérait moins gratifiante. L’objet de départ étant le choix d’autrui, ça devenait un travail à exécuter. Travail plaisant, certes, mais moins nourrissant qu’une réponse à un élan du cœur. Alors « La peinture comme hobby : pourquoi ? » – Pour laisser s’exercer un talent qui permet à mes émotions de s’exprimer… et de demeurer ! 

Subséquente à l’interrogation en titre, la question du moment devient : « Quoi faire avec ces multiples toiles qui me sont chères et qui ornent ma demeure alors que, dans un avenir plus ou moins prochain, moins de murs leur seront disponibles ? »

 

Roland Brochu et Nicole Verville, son épouse