Les parties de sucre de l’oncle Paul le printemps, dans sa « petite cuisine d’été, » restent pour moi un souvenir inoubliable d’enfance.
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L’oncle Paul Marceau habitait l’un des rangs Est de Saint-Lazare-de-Bellechasse. C’était l’un des frères plus jeunes de maman, il provenait d’une famille rurale de six garçons et quatre filles. Les Marceau, sauf un alors, résidaient à faible distance les uns des autres.
On ne connaissait ni téléphone ni Internet dans plusieurs rangs des Chaudière-Appalaches en 1950. Arriver chez Paul à l’improviste un dimanche après-midi de printemps, autour de Pâques : c’était presque assuré de se faire inviter à passer dans la « petite cuisine » pour une de ses chaleureuses parties de sucre improvisées.
Mon oncle avait allumé le poêle à bois. Les casseroles de sirop d’érable ne tardaient guère à apparaître sur le feu, à danser, à bouillir, à devenir de la tire. Et ce que nous nous régalions, nous neveux et nièces, comme nos cousins et cousines les enfants d’oncle Paul et de tante Léonne !
Oncle Paul et tante Léonne à leur mariage
Rosanne et Lise, deux de leurs filles, témoignent : « Papa aimait rendre les autres heureux. Et il était content s’il y parvenait. »
C’était bon, bon ! Et nous pouvions, le plus beau, nous resservir à volonté !
« Le réduit chaud… »
Plus jeune que moi, mon cousin Rémi Marceau (à Marc) caresse un autre souvenir. C’est d’avoir mangé là avec sa famille à un de ces jours de printemps et d’avoir eu, comme dessert, du pain saucé dans « le réduit chaud ». Le réduit est la teneur de l’eau d’érable qui bout juste avant le sirop. « Mes aiëux ! c’était délicieux, ça, comme on ne peut pas le décrire,,. »
Oncle Paul et tante Léonne, que soit notre façon de vous remercier aujourd’hui.
La photo aérienne de la ferme a été fournie par Rémi Marceau, et celle du mariage des oncle et tante, par Jean-Claude Nadeau. Dans le Québec ancien, la « petite cuisine » était l’annexe d’une architecture similaire où l’on passait pour garder la grand maison propre et fraîche durant l’été.
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Oncle Paul est décédé à 76 ans le 3 novembre 1986 et tante Léonne à 94 ans le 28 décembre 2010.
Quel beau témoignage Germain !
Tu as sorti ton talent d’écrivain!
Ce sont de beaux souvenirs à se remémorer.
Toutefois une petite correction: mon père est décédé à l’âge
de 76 ans et ma mère à l’âge de 94 ans.
J’ai beaucoup apprécié ce travail.