LUDGER MARCEAU (1872-1932), notre grand-père, s’est exilé pendant cinq ans en Oregon, avant de revenir faire sa vie au Canada comme fermier de Saint-Lazare-de-Bellechasse.

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Vingt-trois de ses 43 petits-enfants se sont réunis au Festival de la galette de sarrasin de cette municipalité des Chaudière-Appalaches, le samedi 6 août 2016, pour célébrer sa mémoire.

Notre cousin Rémi Marceau (à Marc) raconte le départ de celui-ci, à 20 ou 21 ans, vers l’Ouest américain.  On remonte à 1892 ou 1893.  Dans un article de la revue Au fil des ans de la Société historique de Bellechasse, numéro du printemps 2016, Rémi écrit (p. 31-32) :

« Ludger emprunta 50 $ de son père et partit accompagné du neveu de Pierre Beaudoin, Ferdinand Boutin de Saint-Anselme. Ce voyage en train dura neuf jours et les conduisit à Joseph Wallowa County en Oregon. Il se prévaudra comme Ferdinand du Homestead Act de 1862 (…) qui accordait la propriété d’un lot de 160 acres par engagement à l’occuper au moins  cinq ans; et de 320 acres, si l’on était marié.

« Ludger que l’on retrouve écrit Ulgere ou Jay dans le registre foncier d’Enterpriseavait fini par se départir de son option sur lot en le cédant « inter-notaires » depuis Sainte-Claire [de Bellechasse aujourd’hui] à sa sœur Olivine en 1904. »

RémJean-Claude Nadeau, coupé, 2016i, blessé jeune par un très grave accident d’auto, s’adresse ci-dessus à la foule dans son fauteuil roulant. Et notre autre cousin Jean-Claude Nadeau (photo ci-contre) avait monté des tables, offrant de la documentation, et installé des panneaux et des graphiques explicatifs. Y compris les conjoints et quelques arrière-petits-enfants, une cinquantaine de participants s’étaient donné rendez-vous à cette réunion.

 

Le pourquoi de l’Oregon

Pierre (Peter) Beaudoin, de la partie Saint-Anselme de Honfleur aujourd’hui, est inhumé à Enterprise, Oregon. Parti travailler à la construction des chemins de fer de l’Ouest, il avait entendu parler qu’il restait des terres à développer en Oregon. Il s’y acheta un lot. Une fois installé en Oregon, il revint au Canada, épousa Olivine Marceau, sœur de notre grand-père, et retourna vivre avec elle aux États-Unis. Olivine fit alors venir vers elle son jeune frère Ludger – tombé orphelin de mère à cinq ans, qu’elle avait pratiquement élevé – car elle le savait sans travail au Québec. Ainsi s’explique l’aventure américaine.

Olivine Marceau et Peter Beaudoin

                                                                                                              Ludger Marceau, vers 1892-93

Olivine Marceau et son mari, Pierre Beaudoin

 

 

Grand-père Ludger Marceau, vers 1892 ou 1893→

 

L’élevage des moutons en montagne

Pierre Beaudoin et, jusqu’à un point, Ludger Marceau voulurent se spécialiser en Oregon dans l’élevage du mouton en montagne. La demande exponentielle de laine servait à la fabrication des uniformes pour les soldats. Mais cette utilisation tomba à zéro après la fin de la Première Guerre mondiale. S’ ajoutèrent, comme malheurs, la grippe espagnole et l’invention de la flanellette (laine de coton) : Pierre Beaudoin perdit tout, à la fin.

Il s’estima mal servi par les circonstances. Il déclara, amer et aigri, avant de mourir : « Il est facile de faire de l’argent aux États-Unis. Le défi, c’est de le conserver. » (Rémi, p. 32)

Lui et sa femme Odile ont exploité à un moment donné un ranch de 10 000 acres, de 80 00 têtes et employé deux cents personnes. (Rémi, ibidem)

Ludger fait faux fond… aux États-Unis

Notre aïeul Ludger ne resta cependant pas aux États-Unis, contrairement à son idole Pierre Beaudoin. Il revient au Canada, bien qu’avec l’intention d’y retourner. Un père lui refuse la main de sa fille parce qu’il ne veut pas jurer qu’il ne repartira pas là-bas. Il rencontre ensuite notre grand-mère Malvina Royer, de Saint-Nérée, et l’épouse le 19 août 1902. Elle lui fait passer son envie de partir. Ils vivent ensemble sur des fermes différentes à Saint-Gervais, à Saint-Nérée puis le plus longtemps à la Petite 5e de Saint-Lazare. Ils eurent dix enfants : six garçons et quatre filles, toutes institutrices, dont ma mère Alma et Bernadette, celle de Jean-Claude.

Ses six garçons étaient : J. Willie (en réalité, Jean-Ludger), agronome à Saint-Georges-de-Beauce, Albert, fermier de Saint-Paul-du-Buton à Montmagny, Marc, père de  Rémi, machiniste à Saint-Anselme, Léonard, qui souffrit hélas de maladie mentale, Paul et Alyre, fermiers de Saint-Lazare. Les enfants de Ludger s’établirent dans Bellechasse, Lévis,  Saint-Georges-de-Beauce et à Montréal,

Tante Cécile, à 90 ans alors, dernière survivante des Marceau qui habite l’Île Perrot, n’a pu en raison de son état venir à la fête. Mais elle a envoyé avec son conjoint Marcel Goupil un chaleureux message de soutien à ses « neveux ». 

Origine des Marceau

Les Marceau viennent de la Vendée, une région royaliste de France, au sud de la Loire.

Le premier ancêtre, François, apparaît en 1666 à l’Île d’Orléans comme domestique de Jean Allaire, fermier de Claude Guyon (de ma lignée devenue aujourd’hui : les Dion).

À la génération suivante, Jacques-François, leur fils, traversa le premier sur la rive Sud et s’installa à Saint-Vallier avec son épouse Élisabeth Jinchereau.

Souriant à l’arrière, et avec le gilet vert, c’est Jean-Louis chez l’oncle Willie

La Conquête anglaise impose de terribles souffrances aux Marceau. François (3e génération), le fils aîné du précédent couple Marceau-Jinchereau,  est tué à l’été 1759 par les Anglo-Américains à Saint-Vallier. (Avant 1774, on ne distingue pas entre les Anglais et les Américains..) Son frère, Augustin, périt à la bataille des plaines d’Abraham en septembre. Le François tué n’avait eu qu’un fils, Jean-Baptiste, de qui nous descendons.

Ce dernier  a lui-même été suivi de deux autres Jean-Baptiste, et nous arrivons à un autre François, cette fois à Saint-Gervais, alors que nous nous rapprochons toujours du sud.

Marc Marceau, notre arrière-grand-père

Le père de Ludger, Marc, fut maquignon à Buckland. Il se maria trois fois. Nous descendons de son premier mariage avec Odile Bilodeau. Mais son troisième, avec Marie Goulet, compte également pour nous.

Alphonse Bilodeau, l’oncle de Ludger, après avoir épousé Eugénie Bergeron, ouvrit à Saint-Lazare l’important magasin général qui porta longtemps son nom, ensuite connu comme Létourneau.

– L’oncle « Alyre » de nos parents

Nos parents vouèrent une reconnaissance énorme à leur oncle « Alyre », issu du 3e mariage de Marc (avec Marie Goulet), parce qu’il procura du travail à ses neveux dans ses chantiers pendant la crise. Tout Bellechasse connaissait ce très grand entrepreneur forestier. Il avait un flair et un caractère uniques.

Grand-père est décédé à 60 ans le 1er janvier 1932. Maman n’a cessé de nous rappeler ce triste souvenir. Elle se garda cependant de nous dire qu’il était bilingue, ni qu’il lisait des journaux anglais.

Une fête réussie

Notre cousine Rosanne Marceau, fille de Paul, a commenté sur Facebook après la fête : « Ce fut une rencontre agréable… Notre cousin Rémi possède la généalogie de Ludger parfaitement. Dommage pour l’absence de micro…! Mais c’était difficile de faire autrement. » D’autres activités  du Festival se déroulaient sous notre tente.

 

Rosanne et son copain Jean-Marc Allen examinent un des objets exposés.

Jean-Claude Nadeau, l’autre organisateur de la réunion avec Rémi, estime que « de l’avis unanime » tous tous sont repartis enchantés de cette petite fête familiale du 6 août 2016 ancrée autour du souvenir du grand-père.

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D’où qu’il fût, je suis sûr que grand-père Marceau était content de voir cette petite foule heureuse réunie pour lui, et probablement grand-mère Malvina aussi !

 

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EN RAPPEL, UN AN PLUS TARD, À BUCKLAND LE 6 AOÛT 2017

Un an après la rencontre familiale des descendants de « Ludger Marceau » au Festival de la galette de sarrasin de Saint-Lazare-de-Bellechasse, encore de ses descendants se sont réunis ce dimanche 6 aoùt 2017 au restaurant Pub de la microbrasserie de Buckland. Dans la photo, en partant de l’avant du côté droit, Rémi Marceau (à Marc). Réal, son frère, Jacques Marceau et Lorraine son épouse, caché Léandre, frère de Rémi, son épouse Fabienne en face de lui, Jean-Claude Nadeau, Noëlla Marceau, Rosanne, sa soeur, et son conjoint Jean-Marc Allen. (Photo : fournie par Rémi Marceau)

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Généalogie simplifiée des Marceau

D’après les recherches de RÉMI MARCEAU, de Lévis.

François et sa femme, Marie-Louise Bolper
Vers 1666, à l’île d’Orléans, originaires de Thiré, en Vendée

Jacques-François, 1672-1721, s’installe à Saint-Vallier

François, 1698-août 1759, fils du précédent, est tué par les Anglo-Américains à Saint-Vallier. 

(Son frère, Augustin, meurt à la bataille des plaines d’Abraham en septembre.)

Jean-Baptiste, 1738-1813, le fils du François de 1698, continue la lignée.

Jean-Baptiste, 1762-?

Jean-Baptiste, 1790-?

François, 1810-?, à Saint-Gervais

Marc, 1845-1922, à Buckland

Ludger, 1872-1932, à Saint-Lazare, marié à Malvina Royer, 1877-1953

NOS PARENTS

NOUS (les trois Réal, les deux Germain, les Jean-Louis, Rolland, Rosaire, Placide, Irène, Léo, Noëlla, Lise, Huguette, Léandre, Carole, Lise, etc.)

NOS ENFANTS

 


 

Liste des enfants de Ludger Marceau

 Établie à la main par « Willie, l’aîné, lequel signait couramment J.W. Marceau ou JWM.

La fratrie des oncles Marceau

De gauche à droite, Willie, Albert, Paul, Marc et Alyre. Un sixième frère, Léonard, ne figure pas dans la photo, ayant dû être interné jeune en raison de la maladie.

Les quatre sœurs Marceau

 

De gauche à droite, Antoine, Alma, Bernadette et Cécile. Maman, la plus vieille, la 2e, n’a pas dû donner un si mauvais exemple; les quatre sont devenues enseignantes. Comme elles sont toutes habillées de noir, j’incline à penser que cette photo a été prise à l’automne 1953 au décès de leur mère, grand-maman Malvina.

 

TANTE CÉCILE, à 91 ans, seule survivante de la famille, à l’Île Perrot !

Son compagnon, Marcel Goupil, nous a fait parvenir en mars 2017 cette photo de TANTE CÉCILE, seule survivante aujourd’hui de toute sa famille, prise au lendemain de ses 91 ans qu’elle a fêtés à l’Île Perrot le 2 novembre 2016. Marcel ajoutait le commentaire : « Toutes les préposées, et quelqu’une qui avait déjà travaillé pour Cécile dans le passé, sont venues lui faire une surprise le soir de sa fête. Cadeaux, fleurs, chocolat, ballons étaient au rendez-vous. C’était une belle surprise pour elle, elle était super contente. Sa santé est encore assez bonne en général. »

Puissiez-vous, TANTE CÉCILE, ajouter encore plusieurs années à votre jardin !

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Le premier site des Marceau sur la rive Sud

Photo non de la maison originale mais de la maison, rebâtie en 1828, au 22, rue Lemieux, à Saint-Vallier, le premier site où Jean- François Marceau s’est établi en traversant de l’Île d’Orléans vers la rive Sud.

(Photo tirée du livre de Gaston Cadrin, Les excommuniés de Saint-Michel. 2014)

Voir l’article de Rémi Marceau :

https://www.germaindion.com/2016/11/14/premier-site-des-marceau-sur-la-rive-sud43510/

 

 

Au-fil-des-ans

 

REVUE DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE BELLECHASSE, printemps 2016, à www.shbellechasse.com ou redaction@shbellechasse.com. Titre de l’article : « Ludger Marceau de l’écart en Oregon à Saint-Lazare », p. 31 à 39.

 

 

 

Enterprise, Oregon, aujourd’hui vouée à l’industrie laitière, ne ressemble sûrement plus à ce fief d’élevage du mouton qu’a connu notre Grand-père avant les 1900.

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Les photos sont de Jean St-Pierre, la rencontre; Rémi Marceau/Société historique de Bellechasse, pour Olivine Marceau, Pierre Beaudoin et Ludger Marceau; Rémi Marceau, pour la Liste manuscrite de l’oncle « Willie »; Jean-Claude Nadeau, pour lui-même; d’Internet, pour Enterprise, Oregon.  Des remerciements s’adressent à Rémi Marceau pour avoir relu le texte.

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